LATIN - QUATRIEME - PREMIERE SEQUENCE - TEXTE N°3

Texte d'étude : L'affaire Catilina

Cicéron, Catilina I, 1

 

C'est l'effervescence à Rome : la rumeur fait état d'un complot qui se préparerait contre la République

Nous sommes au Sénat, le 8 novembre 63 et le consul de l'année, Cicéron, s'adresse à Catilina…

 

Quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra ? quam diu etiam furor iste tuus nos eludet ? quem ad finem sese effrenata jactabit audacia? Nihilne te nocturnum praesidium Palati, nihil urbis vigiliae, nihil timor populi, nihil concursus bonorum omnium, nihil hic munitissimus habendi senatus locus, nihil horum ora voltusque moverunt ? Patere tua consilia non sentis, constrictam jam horum omnium scientia teneri conjurationem tuam non vides? Quid proxima, quid superiore nocte egeris, ubi fueris, quos convocaveris, quid consilii ceperis, quem nostrum ignorare arbitraris?

 

O tempora, o mores! Senatus haec intellegit. consul videt; hic tamen vivit. Vivit? immo vero etiam in senatum venit, fit publici consilii particeps, notat et designat oculis ad caedem unum quemque nostrum.

 

Vocabulaire des mots soulignés

pateo, es, ere, ui : être découvert, visible consilium, ii, n : décision, projet

sentio, is, ire : sentir, comprendre, penser constrictus, a, um : arrêté, ligoté

jam : déjà hic, haec, hoc : celui-ci, celle-ci, ceci

omnis, e : tout, tous scientia, ae, f : le fait de savoir

teneo, es, ere : tenir, maintenir conjuratio, onis, f : conjuration

video, es, ere : voir

 

Traduction

Jusqu'à quel point vas-tu abuser, Catilina, de notre patience ? Combien de temps encore ta folie se jouera t-elle de nous ? Jusqu'à quelle extrémité ton audace s'agitera t-elle ? Ni la garnison de nuit du Palatin, ni la garde nocturne de la ville, ni la crainte du peuple, ni l'assemblée de tous les bons citoyens, ni l'endroit choisi pour réunir le Sénat, même pas les visages de ces hommes, rien ne te peut t'émouvoir ? Tu ne te rends pas compte que tes projets sont découverts, tu ne vois pas que ta conjuration reste suspendue au fait que tous ces hommes la connaissent ? Ce que la nuit dernière et celle d'avant tu as fait, où tu étais, ceux que tu as réunis, la décision que vous avez prise, crois-tu que l'un de nous l'ignore ?

 

O temps! O mœurs ! Le Sénat sait cela, le consul le voit; pourtant, il vit ! Il vit ? Que dis-je ! il vient même au Sénat, il participe au débat public, il note et désigne chacun d'entre nous pour un massacre !

 

Questions

1- Observez la phrase qui contient les mots soulignés; quelle remarque peut-on faire sur sa construction (attention au verbe, par exemple)

2- A quel genre appartient ce texte ? Quels éléments identifient ce genre ?

3- Quel est le message, l'objectif de Cicéron ?

4- Quelle remarque peut-on faire lorsque l'on sait que ce texte constitue le début du discours?

 

Textes complémentaires

Lucius Catilina, né d'une famille noble, avait une grande vigueur intellectuelle et physique, mais une âme mauvaise et dépravée. Dès son adolescence, il trouva agréables les guerres civiles, les meurtres, les vols, la discorde entre citoyens, et c'est à cela qu'il exerça sa jeunesse. Un corps capable de supporter la faim, le froid, les veilles, au-delà de ce qu'on ne peut croire. Une âme audacieuse, rusée, changeante, capable de simuler ou de dissimuler à volonté; plein d'appétit pour le bien d'autrui, et prodigue du sien; ardent dans ses passions; assez d'éloquence, peu de sagesse. Son esprit insatiable désirait toujours des choses démesurées, incroyables, trop élevées.

Après la tyrannie de Sylla, un désir très puissant l'avait envahi de s'emparer de la République, et peu lui importaient les moyens d'atteindre ce but, pourvu qu'il s'emparât du pouvoir absolu. Son âme farouche était chaque jour davantage tourmentée par la ruine de sn patrimoine et la conscience de ses crimes. Il était encouragé par les mœurs corrompues de l'Etat, qui étaient mises à mal par des fléaux terribles et contradictoires, le goût du luxe et l'amour de l'argent.

Salluste, La Conjuration de Catilina, V

 

Quelques chapitres plus tard, Salluste décrit le champ de la dernière bataille

Catilina, après avoir constaté la défaite de ses troupes et le peu d'hommes qui restaient à ses côtés, se souvenant de sa naissance et de sa noblesse passée, se précipita au plus fort de la mêlée où il périt sous les coups en combattant. On le retrouva loin des siens, au milieu des cadavres ennemis : il respirait encore un peu et conservait sur le visage cet air farouche qui'il avait de son vivant.

L'armée du peuple romain n'avait pas remporté une victoire joyeuse ou sans effusion de sang : les plus braves étaient morts au combat ou s'étaient retrouvés gravement blessés. On découvrait, en retrouvant les cadavres ennemis, qui un ami, qui un hôte ou un parent; certains purent aussi reconnaître des ennemis personnels. Aussi, dans toute l'armée, se mêlaient diversement joie et chagrin, deuil et plaisir.

Salluste, La Conjuration de Catilina, LXI, 1-9

 

Questions

1- Dans le premier texte, résumer en quelques mots les qualités du personnage. Que Salluste cherche t-il à nous faire comprendre ?

2- Quelles impressions se dégagent du portrait de Catilina, à travers les deux textes ?

 

Vocabulaire à retenir

arbitrium, ii, n : le jugement, le pouvoir

civis, civis, m : le citoyen

consilium, ii, n : le projet, la décision

consul, consulis, m : le consul

jam : déjà

judicium, ii, n : le jugement, l'opinion

nomen, nominis, n : le nom

nihil : rien

nox, noctis, f : la nuit

sententia, ae, f : l'avis, l'opinion

ubi : où

 

Accueil général - Accueil latin